Voyage à Barrow juin 2015

  Article de presse dans LOUGHBOROUGH ECHO  (cliquez)

          Vingt six, nous étions au départ de La Rochelle vers ce que Napoléon appelait « la perfide Albion ». Contrairement à l'empereur nous aimons l'Angleterre et surtout Barrow upon Soar, notre destination finale. Comme tous les deux ans, nous rejoignons notre jumelle pour réaffirmer les liens qui unissent nos deux villes, liens tissés depuis 1996 et qui n'ont fait que se renforcer durant ces presque deux décennies jusqu'à devenir un tissu quasiment indestructible. S'il en était besoin, la dimension de notre délégation en serait la  preuve. Un jumelage sert à faire découvrir à la population invitée l'histoire, les coutumes, la culture, les faits locaux qui font la conscience, l'âme d'une communauté. Il sert aussi et surtout à établir des rapports d'amitié entre individus et groupes d'individus qui rendent caduque le terme « étranger ». En commençant par les échanges scolaires d'il y a un demi siècle suivis par bientôt vingt ans de rencontres périodiques, Marandais et Barrowans ont maintenant dépassé le stade « amitié ». Ils ont connu les deuils des autres, partagé leurs joies, participé de leurs espérances. Ils ont pour ainsi dire vieilli ensemble. Ils sont devenus famille.

Lecture de la lettre du maire de Marans
Discours du Président du Comité de Jumelage
          Mais le jumelage est aussi une institution officielle et le protocole est de rigueur. Une réception de la Parish Council (municipalité) fut l'occasion d'un discours de bienvenue de la présidente, Wendy Woodhouse, suivi de la lecture de la très amicale lettre du maire de Marans, Thierry Belhadj, s'excusant d'être absent. A son tour la présidente du twinning commitee, Sue Rodgers, nous adressa quelques mots de bienvenue auxquels le président du comité de jumelage de Marans, Didier Tournade, avec son éloquence habituelle, s'empressa de répondre.
                                                                                         
                                                                                                                                                                 
   Côté histoire, nous avons eu droit à une visite de la ville de Lincoln. Fondée par les Romains (quelques ruines subsistent de cette époque) c'est autour de son château fort que se sont inscrits des faits historiques importants à l'époque des Plantagenets et c'est à l'intérieur duquel nous avons pu voir une des quatre copies existantes de la Carta Magna , la première Constitution de l'Angleterre datée de 1215. Elle fut imposée au roi John (le Jean sans Terre de Robin des Bois) par ses barons. Amendée à de nombreuses reprises, elle reste le socle de la Constitution actuelle. Elle a été à la base de la Déclaration d'Indépendance des Etats-Unis qui à son tour a inspiré la Déclaration des Droits de l'Homme de la révolution française. De nombreuses maisons des XVème et XVIème siècles se dressent dans toute leur splendeur dans le centre ville et narguent de leur séniorité et élégance les nouvelles venues des siècles suivants. La majestueuse cathédrale du XIVème, véritable joyau du gothique  anglais avec quelques vestiges « normands » (romans)  mérite d'être classée parmi les plus belles d'Europe.

           Un autre rendez-vous avec l'histoire de l'Angleterre a été la visite du Bradgate Park, parc fondé au 12ème par les Normands et où de vénérables arbres plantés à cette époque toisent le visiteur du haut de leurs neuf siècles. Une demeure maintenant en ruines a vu naître Jane Grey, appelée  « la reine des neuf jours », le temps qu'elle régna, après la mort du jeune Edward VII, fils d'Henry VIII. L'attrait du pouvoir lui monta à la tête et de ce fait elle la perdit...

          Un manoir du XVIIIème siècle, Calke Abbey, est resté figé dans l'état dans lequel il se trouvait lorsque le propriétaire de l'époque décéda, il y a presque 100 ans, sans que ses héritiers n'aient fait valoir leurs droits à la succession. Il appartient à présent au National Trust qui l'a sauvé d'une ruine annoncée. Cette situation où rien n'a été altéré à l'intérieur en un siècle donne un aperçu du mode de vie de la gentry de l'époque. Et comme ce gentleman était un ornithologue invétéré et émérite , il a laissé des milliers d'oiseaux et autres animaux empaillés répartis dans la plupart des pièces de la maison. D'oppressive rayant lugubre pour ne pas dire spectrale peut-on qualifier l'atmosphère qui se dégage de cet intérieur aux milliers de regards fixes et aux meubles cachés sous des  houses qui furent blanches, dans des pièces aux murs recouverts de peinture en lambeaux et où règne le chaos le plus total.

          Côté coutumes/culture, il convient de mentionner la visite de jardins particuliers dans la ville même de Barrow. English gardens, of course ! Et ceci amène une réflexion sur une autre facette de la culture britannique. Bien sûr, après tant de voyages, nous sommes déjà familiers avec certains aspects de cette culture, par exemple leur entêtement à vouloir absolument rouler du mauvais côté de la route ou leur étonnante (pour nous) habitude, au dîner, de manger le fromage après le dessert, accompagné de porto ; l'incontournable tradition du tea with cookies à 5 heures. Cette autre facette c'est leur dévotion au gazon. Ils l'appellent grass, green, turf. L'image de ce Barrowan, bien campé sur les genoux, devant sa maison, armé d'une paire de ciseaux, à la chasse des petits brins d'herbe réfugiés dans quelque coin et que la tondeuse gloutonne a manqués en est une parfaite illustration. Les surfaces dédiées au gazon dans les jardins particuliers, parcs et lieux publics sont un tapis émeraude sans faille et sans accroc d'où sont bannis tonsures, calvities et plantes indésirables. Le terme « fauchage tardif » est péjoratif. Dès que l'herbe a atteint one inch de hauteur, le vrombissement des tondeuses meurtrières se fait entendre. C'est le sauve-qui-peut général chez les pâquerettes. Pas de graviers crissants, roulants, bruyants dans les allées des cimetières mais une moquette épaisse, douce, soyeuse et si verte sous laquelle les défunts peuvent reposer en toute quiétude !. Les anglais sont gazon alors que nous, français, sommes prairie, deux conceptions différentes et respectables de l'environnement urbain . Pas étonnant qu'ils aient inventé tous ces jeux de balle sur herbe qui maintenant se pratiquent sur les cinq continents : football, rugby (la ville de Rugby se trouve à quelques kilomètres seulement de Barrow), cricket (devenu baseball dans de nombreux pays), tennis. Dans les jardins, la surface réservée à la pelouse est le plus souvent entourée de plates bandes (le typique jardin anglais) où les plus diverses plantes et arbustes, positionnés par hauteur, couleur de fleurs, époque de floraison, formes et nuances de vert des feuillages sont un véritable régal pour la vue. Et une leçon d'humilité pour quelques-uns d'entre nous, jardiniers prétentieux et incompétents. Maintenant il faut bien dire que, loin de vouloir leur enlever le mérite qui est le leur, les anglais sont bien aidés par un climat doux et une pluviométrie généreuse. Ce qui les conduit d'ailleurs à fuir quelques semaines par an leurs beautiful gardens pour venir se sécher les os sur nos plages ! Le revers de la médaille !
Un jardin à Barrow-upon-soar


  Côté convivialité nous avons été gâtés. Pique-nique sur l'herbe à .Staunton Harold ; dîner dans un restaurant à Quorm un soir ; dîners en petits groupes dans les familles d'autres soirs ; thé dans le jardin et sur le gazon (tondu au ras, bien sûr) un autre jour (à 5 heures, évidemment) accompagné de fraises à la cream chez Richard et Sylvia et sous un magnifique soleil.  Pour terminer, la dernière soirée et comme c'est maintenant la tradition, un buffet nous a été offert chez Tiley and Peter, dans leur magnifique jardin, sur la pelouse -vous vous en doutiez- impeccablement tondue ! S'en est ensuivi un duel acharné entre Marandais et Barrowans à coup de chansons populaires. Les deux côtés ont été déclarés vainqueurs. A propos de toutes ces réceptions, s'il en était utile, il est bon de mentionner que la cuisine anglaise, loin des clichés négatifs en général colportés par des ignorants qui n'ont jamais quitté l'Hexagone, est variée et excellente. Certains d'entre nous ont même eu l'occasion de goûter du vin -blanc et rouge- produit en Angleterre. Là il faudra vraiment attendre que le réchauffement climatique s'accélère pour que la qualité soit comparable à du Bordeaux !


Pique-nique à Staunton Harold


Dernière soirée, buffet chez Tilly et Peter

Nous voici revenus à notre port d'attache, port de Marans évidemment !  Un brin tristounets, comme des écoliers après les grandes vacances. Et à propos d'écoliers, nous ramenons de Barrow upon Soar un espoir, une esquisse de promesse : Fabienne Colas, professeur au Collège Marie Eustelle de Marans qui était du voyage a rencontré à Barrow la hiérarchie du collège Humphrey Perkins School dans le but de discuter d'un programme d'échanges entre les deux institutions, virtuels pour l'instant .  Et peut-être les personnes qui ont eu cette chance dans le passé verront-elles leur petits enfants, après un demi siècle, emboîter leurs pas ! Maybee... Fabienne en tout cas s'en est fait une mission avec l'appui indéfectible de sa direction. Bravo Marie Eustelle.

          Une éphéméride importante s'annonce pour notre jumelage en 2016 : on va souffler les vingt bougies. Ceci coïncidera avec la venue des Barrowans à Marans. Nous avons décidé de fêter cela en grande pompe, ne serait-ce que pour essayer de rendre à nos amis anglais les attentions dont ils nous ont couverts lors du présent voyage. Excuse us Bonaparte, Albion n'est pas perfide.  

          Le Comité de Jumelage vous encourage à nous accompagner dans nos découvertes de l'Angleterre et de la Guinée. Rejoignez notre groupe, jumelage.marans@orange.fr

                                                                                                                                     Yvon Belliard, juillet 2015

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